La malédiction de la Rainha Filipa

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Arthaud-Flammarion, 2012
ISBN 9782081272262 – 432 pages

La malédiction de la Rainha Filipa, Arthaud 2012, page 98

« Nous dînâmes en tête à tête et mon hôte ne tarda pas à m’exposer le projet qu’il avait déjà évoqué le jour de nos retrouvailles : en finir avec la découverte de l’Afrique, longer la côte de ce continent qu’on savait vaste pour enfin atteindre son extrémité.
— Je ne songe pas à une armada d’exploration, je n’en veux point ! dit-il en détachant ses mots. Un seul navire, une solide caravelle conçue par mes soins et construite pour cette expédition, menée par un équipage réduit que j’aurai moi-même recruté. Je ne songe pas davantage à une expédition
mercantile dont le but serait de ramener des épices, des denrées, de l’or ou pire, des esclaves ! Vous le savez, je ne supporte plus que nos plus belles conquêtes soient ainsi dévoyées par ces marchands du Temple sans culture et sans âme. Certes, nous ramènerons des échantillons de toutes sortes et, autant que possible, des croquis, des peintures, des récits précis de tout ce que nous verrons et croiserons, en chaque domaine nous aurons de grands livres soigneusement tenus par un ou deux archivistes, mais notre propos est la navigation et la géographie. Nous expérimenterons de nouvelles méthodes de navigation, nous tiendrons des cartes précises selon les procédés que j’ai appris à Sagres, et toujours nous avancerons tant que nous n’aurons pas touché notre but suprême : l’extrémité méridionale de l’Afrique ! Qu’importe le temps que l’aventure réclamera, qu’importent les souffrances que nous aurons à endurer, je fais serment que nous ne tournerons pas nos voiles avant de savoir. Plaise à Dieu, nous reviendrons ensuite relater tout ce que nous avons vu et connu pour le plus grand bénéfice de la connaissance humaine. Et si ce voyage dans l’inconnu s’avère sans retour, nous disparaîtrons dans l’honneur d’avoir osé, et habités des plus nobles intentions qui
soient !
Pour souligner sa détermination, le capitaine Fiuza martelait à grands coups la table du dîner et faisait trembler assiettes, couverts et plats. »

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